L’objet du grenier 1 : L’Equilibriste de 1885
Marie Perny
Introduction
Voici la première d’une série de trois conférences qui porteront chacune sur un objet, un objet pédagogique, qualifié, avec un peu de facétie, d’objet du grenier.
L’objet du grenier, c’est celui qui y a été entreposé quand il n’avait plus d’utilité particulière, c’est celui que l’on oublie et que l’on redécouvre par hasard, plein de poussière. Une découverte qui fait jaillir souvenirs, questionnement, émerveillement même.
Par objets pédagogiques, on désigne les outils qui servent de support à l’enseignement et qui sont le vecteur d’un savoir, comme les cartes murales ou les instruments de mesure. Mais que peuvent donc nous apprendre ces objets pédagogiques quand ils sortent d’une salle de classe et ne sont plus utilisés ? Devenus obsolètes, beaucoup ont été oubliés au fond d’un placard, jetés parfois, ou bien sont passés du pédagogique au décoratif, tout en alimentant les fantasmes d’un âge d’or, évidemment perdu, de l’école d’avant.
Et pourtant ces objets peuvent être considérés par l’historien comme des sources particulières, à la fois ordinaires et extraordinaires, pour comprendre et reconstituer des pans de l’histoire de l’éducation, entre autres thématiques.
Ces objets sont des sources ordinaires car ils ont été dupliqués en des centaines ou des milliers d’exemplaires, et préconisés ou exigés par les instructions scolaires officielles.
Mais ce sont aussi des sources extraordinaires : au-delà des spécialistes de l’Antiquité, considérer des objets comme des sources au même titre que les archives écrites ne va pas de soi pour les historiens. Ils se tournent néanmoins depuis une date récente sur ces sources au potentiel fécond : citons l’ouvrage collectif dirigé par Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre, Le Magasin du monde. La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours, paru chez Fayard en 2020 ou la récente série documentaire dirigée par Patrick Boucheron sur la chaîne Arté, Faire l’Histoire par le prisme des objets.
Ce sont enfin des sources singulières. L’objet porte en lui une charge sensible : il nécessite d’être observé et manipulé. Il détient aussi une force émotionnelle particulière : l’objet a été conçu et utilisé par des hommes et des femmes pour lesquels il avait un sens particulier. Mais il comporte sa part de mystère et demande à être croisé avec les archives écrites.
Les objets sont donc au cœur d’une enquête qui peut en faire surgir une grande richesse d’enseignement. Or qu’est-ce qu’enquêter, d’après l’étymologie grecque, si ce n’est faire de l’histoire et raconter une histoire ?
Un petit objet sera à la fois le point de départ et le fil conducteur de l’enquête du jour : et pour suivre un fil, qui de mieux placé qu’un funambule, puisse-t-il faire seulement 9 cm de haut ? (figure 1)

Il s’agit de l’un des objets pédagogiques les plus anciens du lycée Saint-Sernin : un équilibriste, mentionné dans le registre de l’inventaire des instruments de Physique le 31 mai 1885. Il est le 9e instrument à y être inscrit, un an après l’ouverture du lycée. Sans doute est-il nécessaire de rappeler que notre établissement ouvre en 1884 et qu’il est le premier lycée public de filles de Toulouse.
Voici un petit personnage étonnant qui tient sur la pointe de son pied gauche, malgré de lourdes haltères. Malgré, ou grâce à ! En effet, sans ces haltères, son centre de gravité serait au milieu de son corps et il ne pourrait pas tenir debout. Mais muni de ces haltères, son centre de gravité est abaissé et se situe très exactement sous son pied, ce qui lui permet non seulement de rester debout mais aussi de toujours y revenir.
C’est donc un instrument simple et récréatif, à l’allure familière, qui permettait de montrer, voire de démontrer, les principes de la pesanteur aux élèves du lycée. En 137 ans, ce funambule a peut-être perdu quelques traits de son visage, il n’en a pas moins toujours gardé l’équilibre et il peut d’un pas alerte, quoique centenaire, nous guider pour explorer la collection d’instruments de Physique et de Chimie des quarante premières années de notre établissement, entre 1884 et la fin des années 1920.
En effet, cet équilibriste est l’un des quelques 70 objets dont nous disposons encore dans nos réserves (figure 2).

Tous ont été inventoriés au printemps dernier : dans le cadre d’une initiation au travail sur archive et au patrimoine, une douzaine d’étudiants d’hypokhâgne et moi-même avons nettoyé, recensé, identifié et photographié chacun de ses instruments, avec l’aide d’Annick Assalit, laborantine et gardienne des instruments, et Luc Denamiel, professeur de Physique-Chimie (figure 3).

Tous ces instruments anciens figurent désormais dans une base de données à échelle nationale qui recense et valorise les instruments scientifiques pédagogiques des établissements d’enseignement français : il s’agit de la base de l’ASEISTE (Association de Sauvegarde et d’Etude des Instruments Scientifiques et Techniques, www.asseiste.org). Chacun de nos instruments dispose d’une fiche explicative et pose sous son meilleur profil.
La consultation des inventaires permet d’en savoir plus : après la transcription intégrale des inventaires allant de 1885 à 1908, nous avons constaté que la collection de Physique-Chimie était riche de près de 300 instruments divers et variés.Concernant notre équilibriste, nous apprenons qu’il a été acheté 6 francs, en 1885, et qu’il a été conçu par une maison parisienne, la maison Alvergniat, qui fournit de nombreux établissements scolaires en France (figure 4)

Ces instruments servaient de supports aux cours de sciences dispensés aux jeunes filles, de l’âge de 12 ans à celui de 16 ans voire plus selon le cursus suivi et permettent de réfléchir sur la place des sciences dans l’enseignement secondaire des filles des années 1880 à 1930 environ.
La question de la représentativité des filles dans les enseignements scientifiques est une question sans cesse d’actualité : cette conférence est donnée le 8 mars 2022, journée des droits de la femme, et il n’est pas inutile de rappeler le récent constat alarmant de la sous-représentation des filles conservant les mathématiques au lycée dans le cadre de la récente réforme.
Or, cette question est ancienne et est abordée dès l’origine des établissements scolaires secondaires pour filles. Mais la question qui se pose au XIXe siècle est plutôt de savoir si les filles doivent faire des sciences, et si oui, comment, selon quelle méthode et pour quelles finalités, plutôt que de savoir comment les inciter à en faire.
Pour comprendre la place des Sciences dans l’enseignement secondaire des filles et raisonner sans faire d’anachronismes, il faut au préalable exposer un certain nombre d’éléments de contexte.
1. Les caractéristiques de l’enseignement secondaire public auprès des filles de 1880 à la fin des années 1920 : une particularité toulousaine dans l’intérêt porté aux sciences ?
Le lycée ouvre dans l’effervescence des lois scolaires fondamentales mises en œuvre par la IIIe République. La loi Camille Sée du 21 décembre 1880 crée les premiers lycées publics de filles, alors que les lycées publics de garçons existaient depuis le début du XIXe siècle (celui de Toulouse a ouvert en 1806). Jusque là, l’éducation secondaire des filles a longtemps été le monopole d’établissements privés, dont la plupart dépendait de l’Eglise catholique. A la veille de la Première Guerre mondiale, il y a une centaine de lycée pour filles dans le pays (un par ville) ; celui de Toulouse compte à cette date environ 600 élèves. L’enseignement secondaire au XIXe siècle est l’école de la bourgeoisie : seuls 5% des enfants suivent une scolarité dite secondaire, au lycée, de l’âge de 12 ans à celui de 18 ans. Le cursus au lycée public est par ailleurs payant. Alors que de nos jours, l’enseignement secondaire est la suite logique de l’enseignement primaire, ce sont deux mondes quasi étanches du XIXe siècle jusqu’au milieu du XXe siècle.
Dans une société où les femmes, quel que soit leur milieu social, sont d’éternelles mineures sur le plan juridique, la création des lycées publics de filles n’est pas une mesure d’émancipation des femmes comme on pourrait l’entendre de nos jours. Il s’agit d’une mesure qui vise à faire entrer les femmes des classes sociales aisées dans le giron de la République et ainsi de former de meilleures compagnes et de meilleures mères de familles capables d’élever leurs enfants de manière éclairée.
On peut formuler l’hypothèse qu’il y aurait eu un lien particulier entre le lycée de filles de Toulouse et le milieu scientifique universitaire de la ville, un lien incarné par la famille Baillaud (figure 5).

La première directrice du lycée, Emma Baillaud, à la tête du lycée de l’ouverture jusqu’en 1908, était la sœur du directeur de l’Observatoire d’astronomie de Toulouse, Benjamin Baillaud, par ailleurs doyen de la faculté des sciences de Toulouse entre 1879 et 1907 et fondateur de l’Observatoire du Pic du Midi. Il a donné quelques heures de cours de mathématiques dans les premières années du lycée et il y scolarise ses trois filles. Les Baillaud sont intimement liés avec des figures du milieu scientifique universitaire français, notamment dans le milieu de l’astronomie, mais aussi de la Physique, des Mathématiques et des Sciences naturelles. On peut alors penser que l’enseignement des sciences auprès des filles soient encouragés, ce qui pourrait expliquer la qualité de la collection des instruments scientifiques.
2. Quelle était la place des sciences dans les programmes et les bâtiments des lycées de filles ?
Les programmes destinées aux filles font la part belle à des enseignements dits « modernes », en opposition aux enseignements « classiques » que reçoivent les garçons, et privilégient des savoirs concrets qui bannissent toute approche théorique et conceptuelle. On trouve ainsi de la morale et la psychologie morale (et non de la Philosophie) ; la littérature et le français, les langues vivantes (et non le latin) ; l’histoire, la géographie, les travaux de couture et d’hygiène.
Les éléments de sciences ont une petite part dans cette enseignement : entre 1882 et la fin des années 1920, les sciences (Mathématiques, Sciences naturelles, Sciences Physiques) qui figurent au tronc commun et parfois dans les matières facultatives, occupent entre 1/8e et 1/3 de l’horaire de l’ensemble des enseignements, selon le moment et les classes concernées.
Il faut attendre 1924 et la loi Bérard pour qu’il y ait un alignement des enseignements secondaires des filles sur celui des garçons.
Les lycées prévoient des salles spécifiques à cet enseignement : une salle de cours associée à un cabinet de Physique et à un laboratoire de Chimie, parfois aussi à une salle de collections, comme on peut le voir sur le plan réalisé en 1886 (figure 6).

La création d’un cabinet montre que les instruments de Physique sont nombreux et nécessitent un lieu dédié à leur rangement et pour la préparation des expériences. Dans plusieurs lycées, une salle de cours de type petit amphithéâtre est aménagée, ce qui permet aux élèves de mieux voir les expériences réalisées par le professeur : il y a eu à Toulouse un projet d’amphithéâtre sur un plan de 1911 qui n’a pas été réalisé (figure 7). Une photo du lycée de jeunes filles de Paris, le lycée Racine, permet de voir une telle disposition (figure 8).



On voit ici clairement la dimension expérimentale être soulignée par la disposition des lieux.
Les instructions insistent en effet sur la nécessité de proposer un enseignement des Sciences physiques et naturelles fondé sur l’expérimentation et l’observation, et ce tant pour les filles que pour les garçons. Cette dimension expérimentale de l’enseignement explique la collection des instruments scientifiques.
Mais les expériences sont surtout montrées aux élèves, qui sont simples spectatrices.
Le cas de l’une des professeures de sciences du lycée, Alice Préjean, qui a effectué toute sa carrière à Toulouse, de 1895 à 1932, est intéressant à examiner pour comprendre les pratiques d’enseignement des sciences, tant son dossier professionnel, conservé aux Archives nationales, est riche. Elle est née en Algérie, a fait l’ENS de Sèvres entre 1892 et 1894, et obtient l’agrégation de sciences en 1894.
Les rapports d’inspection soulignent du début à la fin de sa carrière la grande précision de ses cours et le recours constant aux expériences (figure 9).

On insiste particulièrement sur le soin qu’elle déploie à entretenir le cabinet de Physique. On reconnaît d’ailleurs son écriture dans l’un des registres d’inventaires des instruments.
Cependant, les manipulations de physique-chimie deviennent obligatoires à la fin des années 1920. Une brochure du lycée de 1930 montre une salle de Chimie avec des élèves réalisant des expériences (figure 10).
Si Alice Préjean a recours systématiquement aux expériences, elle semble plus douée pour les réaliser que pour les faire réaliser par ses élèves, alors que les programmes le demandent de plus en plus, notamment à la fin des années 1920 avec la création de cours de travaux pratiques. Un rapport d’inspection fait état de la passivité des élèves qui ne sont pas assez sollicitées et un autre, particulièrement assassin, évoque une séance de travaux pratiques où la partie pratique est justement mise de côté… (figure 11)


Alice Préjean semble avoir été un professeur particulièrement exigeant, voire intransigeant, tant avec ses élèves qu’avec ses collègues et notamment la direction (plusieurs litiges surgissent au sujet de commandes d’instrument de Physique).
3. Quelle était la place des sciences dans les diplômes des lycéennes ?
Il faut d’abord souligner que les filles ne passent pas les mêmes diplômes que les garçons en raison des différences de finalité des enseignements. Le cursus au lycée se déroule en 5 ans seulement, avec un certificat d’études secondaires à la fin de la 3e année et à la fin de la 5e année, un diplôme de fin d’études secondaire. Les sciences sont toujours évaluées pour l’obtention de ces deux diplômes.
Pour l’obtention du diplôme de fin d’études, l’une des trois épreuves consiste en une composition de sciences divisée en deux questions, généralement l’une de Physique ou de Chimie, l’autre d’Histoire naturelle.
Quelques exemples de sujets donnés à Toulouse – les sujets sont décidés par les établissements – soulignent la dimension expérimentale de l’enseignement : le raisonnement est fondé sur des expériences concrètes et vise à une application au quotidien (figure 12).
Avant 1924, certaines filles passaient le baccalauréat mais sans que le lycée ne les y prépare directement : les matières-clefs du bac n’y étaient pas enseignées dans le tronc commun (le latin, la philosophie, tous les aspects des mathématiques) mais à titre facultatif. Cela évolue de manière décisive après la Première Guerre mondiale.
A partir des registres de réussites au différents baccalauréats entre 1892 et 1927, on peut voir une hausse constante des candidates à partir de 1912 où 4 élèves présentent l’examen, dans les voies Lettres (A et B pour la première partie du Baccalauréat, « Philosophie » pour la deuxième partie) jusqu’en 1927 avec 95 candidates réparties dans toutes les voies. Le nombre de candidates aux baccalauréats des voies sciences (C et D pour la première partie, « Mathématiques » pour la deuxième partie) stagne entre 18 et 22 : la place des Bacs « sciences » ne dépasse pas les 25% des candidates (figure 13).


En revanche, on constate une réussite légèrement plus importante aux bacs des voies sciences par rapport à la moyenne.
4. Le cas spécifique de la 6e année « voie Sciences »
Le cursus des lycéennes se faisait en 5 ans, mais il existait aussi une 6e année qui pourrait correspondre à nos classes préparatoires. On y préparait le concours des seules grandes écoles ouvertes aux femmes : celui des Ecoles normales supérieures de femmes, celles de Sèvres et de Fontenay, qui formaient les professeures des lycées. Cette 6e année peut aussi servir d’approfondissement aux élèves qui ont obtenu leur diplôme de fin d’études et faire ainsi office d’études supérieures. On peut rester un, deux, trois voire cinq années en 6e année. Selon le concours visé, les élèves suivent la voie Lettres ou la voie Sciences.
D’après les données des registres du lycée, les élèves de la voie Sciences représentent près de 30% des effectifs de cette 6e année, mais aussi des candidates au concours des ENS, des admissibles et des admises (figure 14).

Une photo montre la classe de la 6e année voie Sciences de 1909/1910 : 25 jeunes femmes entourent deux femmes adultes, dont Mademoiselle Préjean (figure 15).
Le parcours de Marthe Baillaud, élève du lycée de la 1e à la 6e année, montre une trajectoire d’une de ces élèves choisissant la voie Sciences. Nièce de la première directrice et fille du scientifique Benjamin Baillaud, elle obtient tous ses diplômes au lycée de Toulouse, puis fait deux ans de 6e année pour intègrer l’ENS de Sèvres en 1901 où elle y suit les cours de Marie Curie. Elle est reçue à l’agrégation de Sciences Physique en 1904 et revient enseigner les Sciences au lycée de Toulouse quelques années (figure 16).

Cette 6e année « voie Sciences » est supprimée à Toulouse à partir de 1918-1919. La directrice, Madame Gonnet, qui a succédé à Mlle Baillaud en 1908, ne semble pas s’en émouvoir : les résultats d’admission étaient en baisse et cette directrice considérait qu’il fallait qu’il y ait en France un nombre limité de 6e année, fondé sur des critères de résultats, pour en maintenir le niveau. Elle se sert du démantèlement de cette filière pour réattribuer des moyens à d’autres besoins du lycée, notamment des heures de sciences dans d’autres classes pour dédoubler les effectifs et répondre aux attentes des familles qui envisagent de plus en plus le baccalauréat pour leurs filles. La voie « Lettres » est, en revanche, conservée. Par ailleurs, le développement du baccalauréat en parallèle permettait aux jeunes femmes voulant faire des sciences de le faire dans ce cadre et d’accéder ensuite à la faculté de Sciences. Enfin, en 1923, la loi autorise les jeunes filles à postuler à certaines classes préparatoires dans les lycées de garçons : il faudrait vérifier le nombre (sûrement anecdotique) de filles allant au lycée de garçons de Toulouse dans ce cadre.
Conclusion
Ne nous leurrons pas sur ces instruments scientifiques : ils n’ont pas tous été utilisés régulièrement et certains ont depuis le début encombré les placards. Le jury d’agrégation de Sciences Physiques en 1902 indique dans son rapport que « les collections [de bien des établissements] sont encombrées d’appareils surannés, mal conçus ou même absurdes, qui doivent disparaître ». Marthe Baillaud-Privat, ancienne élève et professeur de Sciences dans les années 1910, évoque dans ses souvenirs « un appareil historique dont on parle avec le plus grand respect, que l’on montre aux élèves, mais dont je n’ai jamais vu se servir ».
Cependant, le petit équilibriste des collections du lycée Saint-Sernin aura permis – avec aplomb – de découvrir quelques pans de l’histoire de l’enseignement des sciences auprès des filles, et notamment à Toulouse. Il invite ainsi à considérer tous ces objets du grenier avec un œil plus attentif : ces objets pédagogiques portent une histoire à qui veut et sait l’écouter.
Et cette histoire, ancrée dans la culture matérielle et dans les pratiques, est sans doute porteuse de joie, ce qui vaut d’être souligné dans un cycle de conférences placé sous le signe du gai savoir. Si l’approche expérimentale est riche de nombreuses vertus, sans doute faudrait-il mettre en avant le rôle des émotions dans les apprentissages et notamment faire l’éloge de la joie dans l’acte d’apprendre.
Le physicien et membre de l’Académie des Sciences Yves Quéré écrit dans un ouvrage récent : « Une expérience, une mesure, une observation investissent l’esprit et savent en général provoquer la joie (…). [La joie], face aux blocages de certains élèves, dilate l’esprit, aide à mieux apprendre et sait, en-deçà des mots, parler à l’enfant de la beauté car elle en est une émanation et, presque déjà, la marque. » (De la beauté. Vingt-six ariettes, Odile Jacob, p. 95).
Les deux autres conférences que j’aurai la joie de donner permettront d’explorer d’autres recoins de notre grenier pédagogique.
Bibliographie indicative :
Sur l’histoire de l’éducation et l’histoire de l’enseignement des sciences :
Antoine Prost, L’enseignement en France 1800-1967, Armand Colin, 1968 (plusieurs rééditions, un classique incontournable).
Françoise Mayeur, Histoire de l’enseignement et de l’éducation, 1789-1930, tome 3, Perrin, Tempus, 2004.
Nicole Hulin, Les Femmes, l’enseignement et les sciences. Un long cheminement (XIXe – Xxe siècle), L’Harmattan, 2008.
Francis Gires (dir.), Encyclopédie des instruments de l’enseignement de la physique du XVIIIe au milieu du XXe siècle, ASEISTE, 2016.
Le site de l’ASEISTE (Association de sauvegarde et d’étude des instruments scientifiques et techniques de l’enseignement) : www.aseiste.org
Sur les objets en tant que sources et objets d’études historiques :
Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre (dir.), Le Magasin du monde. La mondialisation par les objets du XVIIIe siècle à nos jours, Fayard, 2020.
Pierre Singaravélou et Sylvain Venayre (dir.), Le Petit Magasin du monde, Fayard, collection « 1001 nuits », 2021.
Stéphane Audouin-Rouzeau, Les Armes et la chair. Trois objets de mort en 1914-1918, Armand Colin, 2009.
Neil MacGregor, Une Histoire du monde en 100 objets, Les Belles Lettres, 2010 (suite au projet du British Museum et de la BBC, « A History of the World in 100 objects » : https://www.bbc.co.uk/ahistoryoftheworld/about/british-museum-objects/)
Patrick Boucheron (dir.), Faire l’Histoire. Par le prisme des objets, série d’émissions produite par Arté depuis septembre 2021 : https://www.arte.tv/fr/videos/RC-020782/faire-l-histoire/
Sur l’histoire du lycée Saint-Sernin :
Le livret interactif :