Devenir Maupassant à l’ombre du naturalisme

Devenir Maupassant à l’ombre du naturalisme
(2020)

Paul Fraysse
Yassine Trabelsi

Article intégral prepaSernin Fraysse Trabelsi Devenir Maupassant

I.              Zola ou le radicalisme littéraire

De la littérature ? – Oui, pourvu qu’elle soit sociologique

Le naturalisme a souvent été considéré comme une radicalisation des principes esthétiques et des ambitions éthiques du réalisme, mais sans partager pour autant le même scepticisme. Il y a dans le réalisme, et particulièrement dans le réalisme flaubertien, une défiance envers le monde, un soupçon pesé sur le réel et sur le langage qu’on ne retrouve pas du tout chez Zola dont l’ambition scientifique le pousse vers un déterminisme presque dogmatique. L’ambition de représentation y est donc plus approfondie et porte vers ce qu’il y a de plus âpre dans le réel et vers d’avantage de science et d’objectivité. En effet, le romancier naturaliste est comparable au médecin ; il tente d’observer la réalité sans préjugé. Aussi tous les sujets deviennent-ils dignes d’attention, y compris les plus ignobles. C’est pourquoi Zola compare le naturaliste au « biologiste », en s’inspirant, pour l’écriture de son œuvre de la démarche et de la rigueur scientifique de Claude Bernard. C’est cette idée qu’il faut lire d’emblée dans le titre même que choisit Zola pour désigner son mouvement en 1865 puisqu’un naturaliste, dans le sens premier du terme, est un savant spécialisé en histoire naturelle, sciences naturelles et biologiques. Jules-Antoine Castagnary dira d’ailleurs dans son Salon de 1863 :

« L’école naturaliste affirme que l’art est l’expression de la vie sous tous ses modes et à tous ses degrés, et que son but unique est de reproduire la nature en l’amenant à son maximum de puissance et d’intensité : c’est la vérité s’équilibrant avec la science ».

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