Le beau soleil le jour saint Valentin. A.-S. André. 14-02-23

Podcast
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Le Beau Soleil, le jour Saint Valentin

Le chromo choisi pour illustrer l’affiche de cette conférence réunit tous les poncifs associés à la Saint Valentin : un angelot, des fleurs porteuses d’un message secret (en l’occurrence des myosotis, Forget-Me-Nots en anglais, « ne m’oublie pas ») des guirlandes et bien sûr un coeur rouge. Il ne manque plus que les chocolats et un air sirupeux pour compléter le cliché.
Cette Saint Valentin commerciale que vous croyez connaître et qu’il est de bon ton, dans les cercles intellectuels, de tenir à distance, savez-vous qu’en réalité elle est l’héritière de toute une histoire complexe, qui plonge ses racines dans le lointain passé de notre civilisation?
Mais tout d’abord, qui était saint Valentin et quel rapport entretenait-il avec Amour? Je ne ferai pas durer le suspense : saint Valentin a bien existé : il a même existé plusieurs fois et à plusieurs endroits! Pour faire simple, plusieurs personnages du Bas Empire romain ont porté ce nom, sans que leurs mérites ou prétentions à la sainteté soient exceptionnels. Ce que l’on sait c’est qu’un Valentin fut décapité près de Rome, le 14 février entre 270 et 280 après Jésus-Christ. Pour en finir avec Valentin, il faut savoir qu’il fut très généreux en reliques, et que son culte s’est répandu un peu partout dans l’espace romain, mais il était imploré pour protéger les vignes, les vaches, les abeilles ou les oignons[1], ce qui ne laisse pas d’interroger sur sa transformation en saint patron des amoureux.
Jean-Claude Kaufmann, dans son ouvrage très documenté Saint Valentin, Mon Amour! établit une corrélation entre la date avérée de son martyre, le 14 février, et les fêtes romaines des Lupercales, fêtes de la purification où il était de tradition que les hommes nus fouettent le ventre des jeunes femmes (elles-mêmes peu vêtues) avec des lanières confectionnées dans la peau des animaux sacrifiés au début des cérémonies afin d’encourager la fertilité. Ce rapprochement des corps entraînait-il un rapprochement des coeurs? Difficile de le savoir. Ce qui est certain, en revanche, c’est que l’Eglise naissante ne voyait pas d’un bon oeil ces fêtes et fit tout ce qui était en son pouvoir pour les canaliser.
Jean-Claude Kaufmann pense que la Saint-Valentin a été associée à l’amour par coïncidence de dates,[2] en pleine période de Carnaval, à un moment où tout était permis, et notamment une forme de libération sexuelle permettant de secouer quelques semaines la chape de plomb d’une société extrêmement rigide. Son argumentaire est très séduisant, mais il me semble plus s’appliquer à Carnaval. En revanche il évoque une pratique qui va nous permettre de faire un bond de la fin de l’Empire Romain au XIVème siècle : celle de la loterie amoureuse, permettant à des couples de hasard et éphémères de se former. Or pour indiquer à l’élu de son coeur qu’on le choisit, encore faut-il le lui dire, ou pour reprendre la formule attribuée aux troubadours, « aimer, c’est le dire »[3].
Ainsi, tandis que dans les communaux des villages Jeannette et Jeanneton sont appariés lors de rondes où l’on clame « J’aimerai qui m’aimera », à la cour du roi Richard II d’Angleterre, en pleine guerre de Cent Ans , et sans que l’on sache précisément pourquoi, on assiste à la floraison de toute une série de poèmes invoquant diversement Saint Valentin. Français et Britanniques se disputent un peu la paternité de cette nouvelle mode, mais il semble bien que ce soit le grand Geoffrey Chaucer, avec son Parlement des Oiseaux, qui a le premier établi le lien entre le 14 février, jour de la Saint Valentin, l’arrivée du printemps et le renouveau du sentiment amoureux. (En ce qui concerne le printemps, n’oublions pas qu’en raison du calendrier julien, le 14 février de la fin du XIVème siècle était plus tardif; cela dit, le soleil rayonnant aujourd’hui est bien dans la note).

Geoffrey Chaucer[4]
The Parliament of Fowles

Now welcome, somer, with thy sonne softe,
That hast thes wintres wedres overshake
And driven away the long nyghtes blakes !
Saynt Valentyn, that art ful hy on-lofte,
Thus syngen smale foules for thy sake :
Now welcome, somer, with thy sonne softe,
That hast thes wintres wedres overshake.
Wel han they cause for to gladen ofte,
Sith ech of hem recovered hath hys make,
Ful blissful mowe they synge when they wake :
Now welcome, somer, with thy sonne softe,
That hast thes wintres wedres oversake.


(Le parlement des oiseaux)
Sois bienvenu, été, toi et ton doux soleil
Vous dissipez la rigueur de l’hiver,
Vous écartez des nuits l’obscurité !
Saint Valentin, toi qui résides au ciel,
Les oiseaux chantent ce chant pour te fêter :
Sois bienvenu, été, toi et ton doux soleil
Vous dissipez la rigueur de l’hiver.
Infatigables, bien sûr ils crient merveille,
Puisque chacun sa chacune a trouvé,
Dès le réveil, joyeux ils vont chanter :
Sois bienvenu, été, toi et ton doux soleil
Vous dissipez la rigueur de l’hiver.

Nathalie Koble souligne que d’emblée les poèmes sont écrits dans les deux langues de la cour (l’anglais et le français, voire l’anglo-normand), où une culture des jeux d’esprit favorise les assemblées courtoises : 
« comme les oiseaux rassemblés en parlement, les poètes exercent dans des communautés d’appartenance, qui associent étroitement activités poétique et politique. »[5] Les spécialistes d’anglais de khâgne seront intéressés de savoir que Jean de Gand, le puissant oncle de Richard II, était le mécène de ces rencontres. 
C’est en 1401 que la mode de poèmes inscrits dans un calendrier littéraire se transporte en France puisque cette année-là, une Cour amoureuse est lancée autour du roi Charles VI, dont Nathalie Koble nous dit qu’il s’agissait d' »une réunion poétique mensuelle initialement destinée à contrer les malheurs de l’Histoire par la pratique de la poésie. »[6] Christine de Pisan s’y illustre notamment avec un Virelai dont je vous cite les deux premiers quatrains :
Très doux ami, qu’il t’en souvienne
C’est aujourd’hui que je te prends
Pour amant : que ton coeur m’appartienne,
Je veux qu’il soit tout entier mien,
Car c’est la coutume, entre amants,
Et tu le sais, bien ordonnée,
Que le premier jour du printemps
On prenne un ami pour l’année.

A cette époque en effet, la culture des deux cours est très poreuse, au gré à la fois des revendications anglaises sur une bonne part du territoire français mais aussi des alliances princières (la deuxième épouse de Richard II, Isabelle de France, fille de Charles VI, n’avait pas sept ans lors de leur mariage célébré à Ardres près de Calais en 1399 pour conclure une trêve dans la Guerre de Cent Ans.


Les témoignages des contemporains s’accordent à dire que Richard, très critiqué par ailleurs pour sa gestion des affaires du royaume, s’est toujours montré très gentil avec la fillette.)
Charles d’Orléans, neveu de Charles VI et futur époux d’Isabelle, fut retenu prisonnier à la Tour de Londres pendant vingt-cinq ans ans, au contact culturel de ces cercles poétiques, est s’est illustré lui aussi par plusieurs rondeaux thématiques autour de la Saint-Valentin, dont celui qui m’a inspiré le titre de cette conférence, composé dès le départ dans les deux langues, et dont voici le premier vers en anglais et français du XIVème siècle.

Dans le dur lit d’ennuyeuse pensée
Whan fresshe Phebus, day of seynt Valentyne,
Le beau souleil le jour saint Valentin

Le poème entier est une illustration très classique de la double thématique du renouveau et de la perte amoureuse, génératrice de rêverie mélancolique (pensée signifie rêverie en français médiéval, qui constituent l’un des topoi de la poésie amoureuse).

Le beau soleil de la Saint-Valentin
a apporté sa chandelle allumée
pour pénétrer hier de bon matin
à pas feutrés dans ma chambre fermée.
Cette lumière qu’il avait apportée
m’a réveillé du sommeil de souci
qui me tenait pour la nuit endormi
dans le dur lit d’ennuyeuse pensée.
Ce même jour partageant le butin
des biens d’Amour les oiseaux rassemblés
se sont tous mis à parler leur latin
et à piailler réclamant la livrée
que la nature leur avait réservée :
un compagnon que chacun se choisit –
moi je restai réveillé par leurs cris
dans le dur lit d’ennuyeuse pensée.
Alors en larmes j’ai mouillé mon coussin
et j’ai pleuré sur ma dure destinée
disant : « Oiseaux, vous prenez le chemin
de vos plaisirs, de la joie désirée,
chacun de vous est bien apparié,
moi mon amie, la mort me l’a ravie
et j’ai sombré dans la mélancolie
dans le dur lit d’ennuyeuse pensée.

Nous voici donc à la Renaissance, et aussi bien en France qu’en Angleterre, avec des formes un peu différentes, la Saint-Valentin est devenue, selon la formule de N. Koble, « une pratique courtoise inscrite dans la langue » puisque le mot « valentine » désigne à la fois l’objet aimé et le poème composé en son honneur.[7]
Fêtes romaines puis carnavalesques, raffinement poétique de cours, comment, de ce haut lignage sommes-nous parvenus aux explosions de cœurs et de chocolats actuels? A bas bruit tout d’abord, au rythme de la vie rurale, gouvernée par un cycle de célébrations rituelles dont la Saint-Valentin faisait partie. Plus nous nous rapprochons de notre époque, plus les objets témoins de cette présence dans la culture populaire française et anglaise s’offrent à nous, miraculeusement préservés.

Ainsi, le Metropolitan Museum de New York conserve, dans une boîte spéciale, toute une collection de cartes de la Saint-Valentin, dont les plus anciennes sont difficiles à distinguer des images pieuses.


Cette illustration française sur parchemin date du XVIIIème siècle; comme par magie, des coeurs poussent sur les arbres, et le message implicite est que la force de l’amour conjugal (suggéré par l’église) protègera le couple (le village) des vicissitudes de la vie (la tempête). On voit bien tous les éléments codés qui font l’ordinaire des représentations picturales de la Saint-Valentin.
En Angleterre, la coutume d’échanger des billets pour la Saint-Valentin perdure de son côté, et le romancier Thomas Hardy, dont les romans ruraux publiés à la fin du XIXème siècle mettent en scène le crépuscule d’un monde sur le point d’être englouti par l’urbanisation née de la Révolution Industrielle, a immortalisé les pratiques de la Saint-Valentin dans son roman Loin de la foule déchaînée. L’ethnologue française Yvonne Verdier lui a consacré des pages magnifiques, qui nous permettent également de comprendre comment la coutume de la Saint-Valentin s’est maintenue :
« En effet le valentinage se faisait aussi sous la forme d’un tirage au sort public: la veille de la fête, le 13 février, jeunes gens et jeunes filles d’un même village se rassemblaient entre eux, semble-t-il, sur une hauteur ou dans un pré à l’écart. Selon un voyageur français qui observe la coutume près de Londres, à la fin du XVIIIè siècle: «Chacun et chacune écrivent leurs vrais noms ou des noms empruntés sur des billets séparés, roulent ces billets et tirent au sort, les Filles prenant les billets des Garçons et les Garçons les billets des Filles. De sorte que chaque garçon rencontre une fille qu’il appelle sa Valentine et chaque fille rencontre un garçon qu’elle appelle son Valentin.» Ou encore, autre mode d’élection par le hasard, le jeune homme décide de prendre pour Valentine la première fille qu’il rencontre en sortant de chez lui le matin du 14 février, lui adressant ces mots : Be my Valentine. Ainsi les formes de la coutume oscillent-elles entre les deux pôles : celui d’un choix amoureux librement consenti, mais généralement tenu caché dans le billet doux, bénéficiant en quelque sorte du secret de la correspondance, et celui d’un appariement par le sort d’un vaste jeu de loterie, tenu cette fois au grand jour. »[8]
Yvonne Verdier montre ensuite comment la Saint-Valentin est inscrite par Hardy dans la trame de son roman, la coutume devenant l’un des pivots de l’intrigue amoureuse, intrigue, soit-dit en passant, qui met en scène l’une des plus remarquables héroïnes de la fiction victorienne, Bathsheba Everdene. Mais je m’avance, car Bathsheba a acheté la carte qu’elle envoie dans le roman, alors qu’au moins jusqu’aux années 1840, la plupart des cartes étaient « faites maison », comme cet exemple conservé au Victoria & Albert Museum de Londres l’atteste.


Il se peut que cette carte ait été conçue comme une demande en mariage, car d’après la tradition, si un homme donnait un gant à une femme le jour de la Saint-Valentin et qu’elle le portait jusqu’à Pâques, cela signifiait que ses sentiments étaient partagés. Le superbe poème (!) inscrit en dessous du gant corrobore cette interprétation. 
Autre exemple conservé au Metropolitan Museum of Art, dont la complexité est assez époustouflante. (Le lien renvoie vers l’image animée de cette carte très particulière).
Mais tout ceci prend du temps et en cette deuxième moitié de XIXème siècle, tout s’accélère : les trains et les bateaux à vapeur, les papeteries industrielles et les rotatives permettent d’imprimer à bas coût des milliers de cartes bon marché; la mise en place de la poste et du timbre à un penny en 1840 seront déterminantes et les années 1850-1900 sont l’âge d’or de la carte de la Saint-Valentin en Grande-Bretagne tout d’abord. 
Et comme l’illustration qui suit vous le montre, Chat GPT n’a rien inventé : la panne d’inspiration pouvait guetter quiconque et les Victoriens avaient trouvé la parade :


(https://www.vam.ac.uk/blog/wp-content/uploads/00002-scan_2022-01-27_10-58-32-2048×1185.jpg)
Quelle que soit votre occupation, ce recueil propose des vers de circonstance tout faits pour déclarer votre flamme. J’aime tout particulièrement la réponse suggérée pour repousser les avances d’un forgeron :

I never can, for one great cause, be by a Blacksmith won;
I must make all the noise myself, my husband must make none.


Jamais je ne pourrai d’un forgeron être la flamme
Car de nous deux suis seule à pouvoir faire du ramdam 
(traduction libre par mes soins)

Simultanément, dans les jeunes États-Unis d’Amérique, la tradition des cartes de Saint-Valentin se répand, en provenance d’Angleterre, et il n’échappe pas aux papetiers locaux qu’il y a là un marché à prendre. En effet, contrairement à la mère patrie, l’Amérique fronce le sourcil sur les fêtes traditionnelles, qui ne rentrent pas dans le cadre de la théologie puritaine (on ne fêtait pas Noël) ou qui, en encourageant les débordements, risquent de mettre à mal l’éthique de travail et la profitabilité. Le développement de la société de consommation dans les dernières décennies du XIXème siècle va entraîner un brutal renversement de perspective, sous l’impulsion de publicistes et d’industriels qui avaient senti que toutes ces fêtes étaient autant d ‘occasion de consommer potentielles. 
Ainsi que l’écrit l’historien Leigh Eric Schmidt :
« Les fêtes permettraient d’organiser la consommation de façon ordonnée, en accordant le cycle rituel au commerce. …Si du point de vue des industriels il y avait trop de fêtes, de celui des nouveaux commerçants, il n’y en avait jamais assez. »[9]
La Saint-Valentin n’échappe pas à cette réinvention commerciale, car elle permet d’écouler les stocks d’images invendus de la nouvelle année. Les fleuristes n’ont pas tardé à emboîter le pas, suivis par les chocolatiers et autres confiseurs. Mais ce qui caractérise la Saint-Valentin, par rapport à d’autres fêtes commercialisées, c’est que son appropriation commerciale initiale dérive directement des pratiques ancrées dans le folklore culturel.
Voici un exemple animé de la production industrielle haut de gamme des années 1860-1900.
Et une illustration 2022, caractéristique de l’humour grinçant des féministes britanniques : le texte reprend sa place, l’illustration étant délibérement surjouée. (Capture d’écran Instagram, 5 janvier 2023).


De ses origines pluriséculaires, la Saint-Valentin a gardé en partage un dynamisme qui se manifeste au travers de réinventions constantes, en faisant l’incarnation moderne de la « mouvance » médiévale, cet art de la métamorphose vivante, pour reprendre la terminologie de Paul Zumthor. Si les sirènes du marketing ne cessent de trouver de nouvelles mélodies entêtantes pour nous inciter à consommer l’amour (littéralement si l’on songe aux gâteaux créés pour l’occasion), elles ne peuvent cependant gommer certaines caractéristiques fondamentales de cette journée associant retour du beau soleil et célébration du sentiment amoureux : aujourd’hui au lycée la distribution de roses confectionnées par les élèves en est la manifestation éclatante et sympathique. 


[1] L’un de mes étudiants de khâgne m’a signalé le poème de Carol Ann Duffy, Valentine, où le Je poétique offre un oignon à l’être aimé en guise de cadeau de Saint Valentin, variation très ironique sur notre thème, mais je ne crois pas que Duffy avait connaissance de cette fonction protectrice de St Valentin. Un grand merci en tous les cas à P. Bondarenko pour la référence.
[2] Jean-Claude Kaufmann, Saint Valentin, Mon Amour!, Paris, Les Liens qui Libèrent, 2017, ch. 1 passim.
[3] Nathalie Koble, « La Tradition Poétique de la Saint-Valentin (XIVe-XXIe siècles) », Po&sie, 2014/2, n°148, p. 68.
[4] Tous les extraits de poèmes médiévaux sont extraits de l’article de N. Koble.
[5] Koble, loc. cit., p. 69.
[6] Koble, ibid.
[7] Cette tradition poétique de la Saint-Valentin perdure jusqu’à nos jours, et dans les deux langues, je vous renvoie à l’anthologie élaborée par Nathalie Koble pour vous en faire une idée.
[8] Yvonne Verdier, Coutume et Destin, Thomas Hardy et autres essais, Paris, 1995, p. 95.
9] Leigh Eric Schmidt, The Commercialization of the Calendar: American Holidays and the Culture of Consumption, 1870–1930, Journal of American History, Volume 78, Issue 3, December 1991, Pages 887–916, https://doi.org/10.2307/2078795, p. 889.

Anglais : Ressources numériques




Marielle Soler

Dans le but de consolider le lien classes préparatoires aux grandes écoles et  universités, le lycée Saint Sernin offre aux étudiants de CPGE la possibilité d’assister à des colloques universitaires incluant notamment des rencontres avec des écrivains anglophones. Les rencontres ci-dessous ont eu lieu  dans le cadre du séminaire « Poéthiques » organisé par  Nathalie Cochoy, professeur de littérature américaine (CAS) et Jean-Yves Laurichesse, professeur de littérature française (PLH-ELH) à l’Université Toulouse Jean Jaurès.


– 2015 : One-day symposium “Small Town America” Université Toulouse – Jean Jaurès, 6 novembre 2015
Claire Cazajous-Augé and Jérémy Potier
– 2015 : Programme Journée d’études poétiques


Essay : The Ambition of the Short Story

By Steven Millhauser

Oct. 3, 2008

The short story — how modest in bearing! How unassuming in manner! It sits there quietly, eyes lowered, almost as if trying not to be noticed. And if it should somehow attract your attention, it says quickly, in a brave little self-deprecating voice alive to all the possibilities of disappointment: “I’m not a novel, you know. Not even a short one. If that’s what you’re looking for, you don’t want me.” Rarely has one form so dominated another. And we understand, we nod our heads knowingly: here in America, size is power. The novel is the Wal-Mart, the Incredible Hulk, the jumbo jet of literature. The novel is insatiable — it wants to devour the world. What’s left for the poor short story to do? It can cultivate its garden, practice meditation, water the geraniums in the window box. It can take a course in creative nonfiction. It can do whatever it likes, so long as it doesn’t forget its place — so long as it keeps quiet and stays out of the way. “Hoo ha!” cries the novel. “Here ah come!” The short story is always ducking for cover. The novel buys up the land, cuts down the trees, puts up the condos. The short story scampers across a lawn, squeezes under a fence.
Of course there are virtues associated with smallness. Even the novel will grant as much. Large things tend to be unwieldy, clumsy, crude; smallness is the realm of elegance and grace. It’s also the realm of perfection. The novel is exhaustive by nature; but the world is inexhaustible; therefore the novel, that Faustian striver, can never attain its desire. The short story by contrast is inherently selective. By excluding almost everything, it can give perfect shape to what remains. And the short story can even lay claim to a kind of completeness that eludes the novel — after the initial act of radical exclusion, it can include all of the little that’s left. The novel, when it remembers the short story at all, is pleased to be generous. “I admire you,” it says, placing its big rough hand over its heart. “No kidding. You’re so — you’re so —” So pretty! So svelte! So high class! And smart, too. The novel can hardly contain itself. After all, what difference does it make? It’s nothing but talk. What the novel cares about is vastness, is power. Deep in its heart, it disdains the short story, which makes do with so little. It has no use for the short story’s austerity, its suppression of appetite, its refusals and renunciations. The novel wants things. It wants territory. It wants the whole world. Perfection is the consolation of those who have nothing else.
So much for the short story. Modest in its pretensions, shyly proud of its petite virtues, a trifle anxious in relation to its brash rival, it contents itself with sitting back and letting the novel take on the big world. And yet, and yet. That modest pose — am I mistaken, or is it a little overdone? Those glancing-away looks — do they contain a touch of slyness? Can it be that the little short story dares to have ambitions of its own? If so, it will never admit them openly, because of a sharp instinct for self-protection, a long habit of secrecy bred by oppression. In a world ruled by swaggering novels, smallness has learned to make its way cautiously. We will have to intuit its secret. I imagine the short story harboring a wish. I imagine the short story saying to the novel: You can have everything — everything — all I ask is a single grain of sand. The novel, with a careless shrug, a shrug both cheerful and contemptuous, grants the wish.
But that grain of sand is the story’s way out. That grain of sand is the story’s salvation. I take my cue from William Blake : “To see a world in a grain of sand.” Think of it: the world in a grain of sand; which is to say, every part of the world, however small, contains the world entirely. Or to put it another way: if you concentrate your attention on some apparently insignificant portion of the world, you will find, deep within it, nothing less than the world itself. In that single grain of sand lies the beach that contains the grain of sand. In that single grain of sand lies the ocean that dashes against the beach, the ship that sails the ocean, the sun that shines down on the ship, the interstellar winds, a teaspoon in Kansas, the structure of the universe. And there you have the ambition of the short story, the terrible ambition that lies behind its fraudulent modesty: to body forth the whole world. The short story believes in transformation. It believes in hidden powers. The novel prefers things in plain view. It has no patience with individual grains of sand, which glitter but are difficult to see. The novel wants to sweep everything into its mighty embrace — shores, mountains, continents. But it can never succeed, because the world is vaster than a novel, the world rushes away at every point. The novel leaps restlessly from place to place, always hungry, always dissatisfied, always fearful of coming to an end — because when it stops, exhausted but never at peace, the world will have escaped it. The short story concentrates on its grain of sand, in the fierce belief that there — right there, in the palm of its hand — lies the universe. It seeks to know that grain of sand the way a lover seeks to know the face of the beloved. It looks for the moment when the grain of sand reveals its true nature. In that moment of mystic expansion, when the macrocosmic flower bursts from the microcosmic seed, the short story feels its power. It becomes bigger than itself. It becomes bigger than the novel. It becomes as big as the universe. Therein lies the immodesty of the short story, its secret aggression. Its method is revelation. Its littleness is the agency of its power. The ponderous mass of the novel strikes it as the laughable image of weakness. The short story apologizes for nothing. It exults in its shortness. It wants to be shorter still. It wants to be a single word. If it could find that word, if it could utter that syllable, the entire universe would blaze up out of it with a roar. That is the outrageous ambition of the short story, that is its deepest faith, that is the greatness of its smallness.

Anglais (LSH) : enseignement et option


Equipe pédagogique :

Anne Sophie André
Audrey Lambert
Julie Miguel
Sébastien Petit
Marièlle Soler


L’anglais en khâgne (Première Supérieure)

Préparation à l’écrit

Cours de version commentaire (tronc commun)

Ce cours s’adresse à tous ceux qui choisissent de passer leur épreuve écrite de langue vivante en anglais. Dans la continuité de l’hypokhâgne, mais à un rythme plus soutenu, compte tenu du calendrier, nous travaillons sur tout le corpus littéraire (fiction et non-fiction) de langue anglaise à compter de 1820 environ. 
Les trois heures hebdomadaires sont réparties entre commentaire et version, en fonction des textes, qui ont chacun leurs exigences propres. Chaque enseignant est responsable de sa progression, mais le plus souvent celle-ci s’articule autour d’un axe chronologique et thématique.
Pour passer une bonne année et réussir l’épreuve, il convient dès l’été de revoir les cours d’hypokhâgne, en constituant, si ce n’est déjà fait, des fiches de vocabulaire et des fiches de lexique critique. Les notions de focalisation et de narratologie, en particulier, devraient être maîtrisées. Par ailleurs, la fréquentation des anthologies de littérature anglaise et américaine est à recommander, ne serait-ce que pour savoir situer précisément les extraits étudiés en classe.
Ce cours ne se limite cependant pas à la seule acquisition de connaissances et de méthodes visant à obtenir la meilleure note possible à l’épreuve du concours. Il a aussi pour ambition de vous faire partager notre goût pour la littérature de langue anglaise, de vous faire voyager dans des contrées inconnues de vous, de vous donner, enfin, envie de voler de vos propres ailes et de lire sans retenue en version originale. Vous trouverez des suggestions de lecture sur le site de l’un de vos professeurs.
L’évaluation est faite sous la forme de devoirs surveillés en 6h, dans les conditions du concours.

Cours de thème (enseignement de spécialité)

Ce cours s’adresse aux seuls spécialistes anglais. A raison de deux heures par semaine, l’exercice de traduction dans le sens français- anglais est pratiqué intensément et assidument. Un programme de révision systématique du lexique est donné en début d’année, qui fait l’objet d’une évaluation bi-mensuelle. A cela il convient d’ajouter les devoirs à la maison qui alternent avec les évaluations sur table pour, en y ajoutant les préparations, habituer les étudiants à traduire vite et bien une large palette de textes tirés de la littérature française depuis 1880 environ.
Cette préparation sert non seulement à réussir l’épreuve spécifique de thème mais aussi à poser les bases d’un succès futur aux concours du CAPES et de l’agrégation d’anglais, ainsi que dans les masters de traduction (ESIT, notamment). 

Préparation à l’oral

Cours de tronc commun (spécialistes, non-spécialistes, LVB)

Ce cours réunit tous les étudiants amenés à se présenter à l’épreuve de commentaire de presse à l’oral de l’ENS. Le programme porte sur les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, tels qu’ils nous sont donnés à voir par les grands organes de presse anglophones (que ce soit au plan politique, culturel, social, voire économique). Pour s’y préparer, il est indispensable de suivre l’actualité avec régularité, tout en travaillant par ailleurs à l’aide d’ouvrages de civilisation.
Pour les candidats aux écoles de commerce, ce cours est essentiel tant pour réussir l’épreuve d’ « essay » que pour les épreuves orales.  

Cours de spécialité (littérature et civilisation)

Le programme de littérature de l’ENS Lyon, renouvelé chaque année, se compose de 3 œuvres, dont une pièce de Shakespeare. Ce programme fait l’objet d’une étude approfondie tout au long de l’année. En complément des œuvres imposées, des extraits d’autres œuvres sont également proposés, le plus souvent de poésie ou de théâtre, pour préparer également les étudiants à l’épreuve de littérature hors-programme de l’oral de l’ENS Paris-Saclay (anciennement Cachan).
Le travail se répartit entre cours magistraux et « planches » imposées, dont la régularité est un gage de réussite aux oraux des concours. Ce cours, où l’amour de la littérature, du théâtre et de la poésie de langue anglaise peut s’exprimer en toute liberté, est aussi le moment pour les étudiants de parfaire leurs connaissances techniques (prosodie, analyse critique…) mais aussi de constituer leur « bibliothèque de référence » de langue anglaise, qui leur sera d’une grande utilité dans la suite de leur parcours d’anglicistes.
En civilisation, l’épreuve de l’ENS Paris-Saclay, dont le sujet est renouvelé tous les deux ans, fait l’objet d’une préparation spécifique car son contenu et ses modalités diffèrent sensiblement de celle de l’ENS Lyon. 


Anglais LVA-LVB-Option 2023

Equipe pédagogique :

Anne-Sophie André
Audrey Lambert
Julie Migue
l
Sébastien Petit
Marielle Soler

Audrey Lambert
Julie Miguel
Marielle Soler

1ère année LVA



Bibilographie Anglais LVA  2022-2023

Consignes pour préparer la rentrée

Vous entrez en hypokhâgne LSHA pour suivre 4h de LVA qui s’articulent autour de l’épreuve écrite de tronc commun de commentaire littéraire et version (traduction de l’anglais au français), et l’épreuve de presse à l’oral.
Pour cette épreuve d’oral vous suivrez pendant l’été la question de l’Irlande du Nord et du Brexit, lisez la presse (The Guardian et The New York Times peuvent être lus gratuitement en ligne ou The Economist en bibliothèque ou médiathèque) et écoutez des podcasts sur PBS, NPR et BBC. Commencez par ce document
http://https/www.bbc/news/explainers-53724381 et vous pouvez regarder la série Derry Girls sur Netflix pour une approche ludique.
Pour les Etats-Unis vous suivrez l’actualité autour de la dernière décision de la Cour Suprême concernant l’avortement en commençant par consulter ces documents, vous ferez une fiche en anglais qui résume la décision, ce qu’elle va changer et résume pourquoi elle fait polémique.
https://www.bbc.com/news/world-us-canada-61928898
https://www.washingtonpost.com/politics/2022/06/24/abortion-state-laws-criminalization-roe/

Pour la littérature ces deux livres pourront servir de base de lecture d’été mais chaque enseignant peut en ajouter un autre dans le livret de votre classe
Margaret Atwood, The Handsmaid Tale, édition de votre choix
Katherine Mansfield, Short Stories, World’s Classic, Oxford ou gratuitement sur gutenberg project
https://www.gutenberg.org/files/44385/44385-h/44385-h.htm

Pour travailler votre anglais pensez aussi à utiliser le site de la BBC, bbcworld.co.uk et sa rubrique Learning English, et  BBC radio 4 (généraliste), radio 3 (plus littéraire), radio 1 et radio 3 sont aussi une option.Allez aussi sur http://www.npr.org pour les Etats Unis ou le site de PBS, le service public de grande qualité. Il existe aussi un très bon site avec des exercices avec le British Council : https://learnenglish.britishcouncil.org.

La révision de la grammaire apprise jusqu’à présent, en utilisant vos classeurs et manuels du secondaire est nécessaire, et pour affiner nous utiliserons : Grammaire raisonnée, S.Persec et J.C.Burgué, Ophrys (niveau lycée, ou 2 pour les plus avancés) vous devez faire vos révisions de grammaire avant la rentrée (priorité doit être donnée aux chapitres sur les temps et aspects, et à la modalité). On ne peut rédiger en anglais sans une certaine maîtrise du système verbal et de la syntaxe.

L’achat d’un dictionnaire unilingue, le seul autorisé au concours, est fortement recommandé : The Oxford Concise Dictionary mais au début vous pourrez utiliser les exemplaires du CDI si vous voulez étaler vos dépenses.
Pour la version l’achat d’un Bescherelle sera nécessaire pour réviser les conjugaisons toute l’année.

Audrey Lambert

1ère année

Bibilographie Anglais LVB 2020-2021



Vous entrez en hypokhâgne LSH pour suivre 2h ou 4h de LVB qui s’articulent autour de l’épreuve de presse pour l’oral, pour cette épreuve vous suivrez pendant l’été la campagne présidentielle aux Etats-Unis, la question de la guerre des statues et de la mémoire noire, les manifestations sur les violences policières, lisez la presse (The Guardian et The New York Times peuvent être lus gratuitement e ligne ou The Economist en bibliothèque ou médiathèque).
Pensez aussi à utiliser le site de la BBC,  bbcworld.co.uk  et sa rubrique Learning English, et sur la BBC radio 4 (généraliste), radio 3 (plus littéraire), radio 1 et radio 3 sont plus ‘jeunes’, allez aussi sur http://www.npr.org pour les Etats Unis ou le site de PBS, le service public.
Il existe aussi un très bon site avec des exercices avec le British Council : https://learnenglish.britishcouncil.org.
La révision de la grammaire apprise jusqu’à présent, en utilisant vos classeurs et manuels du secondaire, ainsi que : Grammaire raisonnée, S.Persec et J.C.Burgué, Ophrys (niveau lycée, ou 2 pour les plus avancés) vous devez faire vos révisions de grammaire avant la rentrée (priorité doit être donnée aux chapitres sur les temps et aspects, et à la modalité). On ne peut rédiger en anglais sans une certaine maîtrise du système verbal et de la syntaxe.

 

Anne-Sophie André
M. Petit
Mme Soler


2ème année TRONC COMMUN


Bibliographie tronc commun 2021-2022

Littérature

Lecture obligatoire – Travail d’été

Vous devez lire pendant l’été The Heart is a Lonely Hunter de Carson McCullerssi possible dans l’édition Penguin Classics. Le premier devoir surveillé (15 septembre) portera sur cette œuvre et certains extraits seront également étudiés en classe. 
Lectures vivement conseillées
Literature in English, Françoise Grellet, Hachette, 2015
The Art of Fiction, David Lodge
A Glossary of Literary Terms, M.H Abrams
Cultural Guide, Françoise Grellet
Dictionnaire biblique culturel et littéraire, Chantal Labre , Armand Colin (consultable en bibliothèque)

Autres lectures conseillées :
– Sherwood Anderson, Winesburg, Ohio, 1919
Margaret Atwood, The Edible Woman, 1969; The Handmaid’s Tale, 1985; Alias Grace, 1996
Joseph Conrad, Heart of Darkness, 1902
TS Eliot, The Wasteland, 1922
Ernest Hemingway, Indian Camp, 1924
Henry James, The Turn of The Screw, 1898
James Joyce, Dubliners, 1914
Bernard Malamud, The Assistant, 1957
Katherine Mansfield, Something Childish and Other Stories/The Garden Party and Other Stories, 1924
Alice Munro, Dance of the Happy Shades, 1968
Edgar Allan Poe, The Oval Portrait, William Wilson, The Tell-Tale Heart, The Pit and the Pendulum, 1845
Virginia Woolf, A Room of one’s own/ A Haunted House and other short stories , 1929
Detective Stories: Dashiell Hammett, The Maltese Falcon or Conrad, The Secret Agent

Grammaire:
– Révisions de vacances
– Verbes irréguliers
– Temps et aspect
– la voix passive
– le style indirect
– la proposition infinitive
– la détermination
– les adjectifs

Vocabulaire

Annie Sussel et Corinne Denis Le Vocabulaire de L ‘Anglais Hachette Education 2013. Achat conseillé pour le tronc commun, si vous n’avez pas de livre de vocabulaire.

Attention, les spécialistes utilisent le Nouveau Manuel de l’angliciste, de Patrick Rafroidi.

Commentaire de Presse :

Se familiariser avec la presse anglophone en lisant les versions en ligne de The Economistthe Independentthe GuardianThe New York Times , The ObserverTime magazine etc…
Ecouter des podcasts : www.npr.org (favori du Celsa) , BBC WorldCNN student newsguardian.co.uk.
Accéder aux exercices très intéressants du site du British Council:
http://https/learnenglish.britishcouncil.org


Ressources conseillées (privilégier autant que possible les éditions les plus récentes)
– Marie-Christine Pauwels  Civilisation Américaine, Hachette Supérieur
– Pierre Lurbe, Peter John Civilisation Britannique , Hachette Supérieur
– David Mauk and John Oakland, American civilization, an introduction, Routledge
– John Oakland, British civilization, Routledge
– Sarah Pickard, Civilisation britannique, Pocket, édition bilingue


Anne-Sophie André

2ème année
Option



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